Retour accueil

Du faucon pèlerin = Un nichoir. Réflexe pavlovien ?

Patrick BEHR

Retour en arrière :

Tout a été dit sur l'impact catastrophique de l'usage massif des pesticides et leur conséquence indirecte sur les espèces animales non ciblées. Une littérature abondante illustre et explique le phénomène. Rachel Carson dans son livre Silent Spring (Printemps silencieux), donne l'alarme sur le continent américain en 1962 et reçoit une écoute médiatique très large. Nul ne peut plus être sourd et aveugle face à cette problématique. Il faut agir dans l'urgence car rapidement de nombreuses espèces risquent de disparaître purement et simplement. C'est le cas du faucon pèlerin.

Outre l'interdiction de l'usage du DDT et l'établissement de lois de protection animale, dans les années 70, les nord américains engagent un programme de rétablissement de l'espèce par la méthode du "hacking", littéralement "piratage" en français
. Il est traduit chez nous par élevage ou relâché par la méthode de libération "au taquet" (1) (Sherrod. 1987). Il consiste à placer des jeunes d'une trentaine de jours, à l'origine élevés en captivité, dans une cage ou boîte, elle même située dans le site de relâché. Ils sont alors encore nourrit sans que l'homme ne se montre pour finalement, à quelques jours de l'envol, la cage s'ouvre et les libère. Cette méthode a été utilisée initialement sur le continent nord américain quand il a été constaté que les relâchés en milieu naturel subissait une prédation telle qu'une infime minorité d'individu survivant ne permettait pas une augmentation de la population de manière significative. Le milieu anthropique, urbain ou industriel, où les prédateurs naturels tel qu'Aigle royale ou Grand-duc de Virginie y étaient alors absents, se prêtait convenablement à cette entreprise en garantissant un bien meilleur taux de survie des jeunes pèlerins relâchés.
Certains pays comme les Etats-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l'Allemagne,... ont donc massivement procédé à ce type de relâché et ont complété par l'implantation de nichoirs en milieu urbain ou industriel dans le cadre du rétablissement de l'espèce. Encore que celle-ci s'était rétablie d'elle même, au moins dans le nord Canada (Holroy G. 2012).

Historique sur Nancy et ses proches alentours.

En novembre 2004, une aire aménagée à destination du Faucon pèlerin est conçue sur l'église St Epvre, profitant des travaux de réfection. L'article. A cette époque je suivais sans réfléchir et je n'avais d'opinion que ce que la LPO mission rapace préconisait. Personne n'a été capable de localiser précisément l'aire sur l'église, à l'initiative de la ville, suite à la médiatisation de la reproduction sur ND de Lourdes et avec l'aval, les conseils et l'aide de la LPO locale du moment.


La localisation de l'aire aménagée sera opportunément faite à l'occasion du survol non autorisé par un drone  mais diffusé sur Internet. Vidéo du 26 janvier 2014 (Capture d'écran). Elle sera confirmée lors d'une visite en mai 2015 (photo DR). Il n'y a plus de substrat. Mais y en a-t-il eu ?

Fin octobre 2008 : Un second nichoir est installé sur le site des "Grands-Moulins Vilgrain" suite à la nidif réussie d'un second couple. L'article. J'ai été plus circonspecte en avalisant cette installation sous réserve que l'on connaisse l'origine du substrat puis, qu'en fonction du résultat, une aire soit ou non aménagée. Un substrat à base de brindilles, type nid de corvidés, était même évoqué. Prévenu au dernier moment, je ne peux que laisser faire puisque les démarches et le matériel étaient prêts. Contrairement à ce que raconte l'article de presse, si l'équipe Pèlerin-Nancy a été effectivement "consultée", elle a été majoritairement opposée à cette opération. Le couple ignorera totalement ce nichoir et maintiendra sa repro en lieu et place de l'année précédente puisqu'il n'a pas été installé au même endroit. Il est à noter que le couple de ND de Lourdes échouait aussi ; disparaissant l'année suivante. Vouloir favoriser de trop près 2 couples de pèlerin, c'était ignorer la compétition intraspécifique. Encore fallait-il connaitre la distance de tolérance; ce que nous avons appris à cette occasion.

Début 2006, Un responsable de la ville de Pont-à-Mousson nous demande des renseignements sur la faisabilité d'une installation contrôlée d'un couple de faucon pèlerin sur l'Abbaye des Prémontrés. Au même moment, une autre responsable de la ville de Maxéville (proche banlieue de Nancy) nous demande s'il serait possible d'installer un nichoir pour Faucon pèlerin sur l'église.  Il s'en suivra cette mise au point.

Janvier 2010 : Installation d'un nichoir à Faucon pèlerin sur la cheminée de l'usine Novacarb, faisant suite à une reproduction échouée lors de la précédente saison. L'article (2) . Encore une fois, je suis prévenu au dernier moment. Le matériel est prêt ; les démarches sont faites et l'installation doit se réaliser dans les 5 jours. Je ne m'associe pas à cette démarche, considérant les cheminées d'usine comme des mouroirs à Faucon pèlerin d'une part et préférant orienter ce projet sur la basilique St Nicolas-de-Port, sous condition, distante de 3 km et plus sécurisante pour le décollage des jeunes d'autre part. La suite me donnera raison et ce nichoir sera uniquement occupé certaines années par du crécerelle.

Pourquoi mettre des nichoirs à Faucon pèlerin en milieu urbain ? Ils fréquentent ce milieu, s'y reproduisent ou échouent mais ils sont là. Des nichoirs ? Pourquoi pas, mais sous conditions.
 
Nancy, ND de Lourdes : Chronologie et reflexion sur le nichoir
Suite à la première repro 2004, le curé décide de nettoyer le clocher et nous le convaincrons de laisser une zone pour le Faucon pèlerin. La configuration du site s’en trouve changé. Le curé est chez lui. La basilique a été construite après la loi de 1905 sur la séparation de l'église et de l'état et est donc du domaine privé.
2005 : Echec dû à la présence d'une seconde femelle (mais cela, a été élucidé 5 ans plus tard ) et déménagement sur la cheminée de l'usine Novacarb à 8 km de distance.
En novembre 2005, suite au précédent échec, nous installons un nichoir dans le clocher car nous avions considéré que l'espace laissé au Faucon pèlerin n'était pas satisfaisant. Ce nichoir permettrait de favoriser le couple déjà installé sur ce site qui, les années s'écoulant, se révèlera être le site phare de l'agglomération. Aucune convention ne sera signée entre les partenaires.
Saison 2007, belle réussite, avec en prime un suivi (assez chaotique) par caméra. Malheureusement, en fin de saison, le nichoir,  placé à même le sol, s'imbibe des eaux de pluie et s'est complètement dégradé. Il est à refaire.
10 novembre 2007 : Installation d'un nouveau nichoir mieux conçu. Il est rapproché d'une des trois caméras.
2008 : Echec de reproduction. La cause essentielle ayant été la présence d'un second couple sur les "Grands-Moulins Vilgrains", à 3,3 km de distance.
2009 : Même scénario. Mais à l'issu de cette saison une autre cause apparaît après le visionnage des archives caméras : Le mauvais emplacement du nichoir.  Nous avons trop voulu faire de l'image. Résultat, le nichoir, trop proche d'une caméra, est  au centre du clocher et subit un effet gouttière aux chutes de pluie. Il est déplacé dans un endroit au sec. La caméra suivra et sera fixée au dessus du nichoir.
2010 : Réussite totale, 5 juvéniles dont 4 volants !
2011 et 2012 sont encore des années fastes avec 2 fois 3 jeunes volants.
2013, le couple, perturbé par des travaux d'entretiens sur la basilique, pond aux "Grands-Moulins" et revient finalement au nichoir de ND de Lourdes. 4 œufs sont déposés mais un seul jeune éclos. Pouvait-on parler véritablement de ponte de remplacement ? Lors de la première phase, un ouvrier constate la présence d'œufs dans le nichoir de la basilique (NDdL). Dans un second temps, je constate que la femelle pond dans celui des "Grand-Moulin"(GM) qui sera le seul cas de ponte  d'un FP pour ce nichoir. Pour finir et pour une raison inconnue, les GM sont abandonnés au profit d'NDdL où aura lieu finalement la repro définitive.
03 février 2014 : Un inconvénient non prévu car surprenant provoque le changement d'emplacement du nichoir : La présence de Faucon pèlerin n'a nullement empêché les pigeons de se reproduire dans l'intérieur du clocher et leur effectif d'augmenter ces dernières années. L'accumulation des fientes entraine l'obstruction des chenaux d'évacuation des eaux de pluie. Le curé ne peut plus accepter cette gêne coûteuse. Après concertation, une solution est trouvée et le nichoir est déplacé dans l'entrée du clocheton sud, ceci permettant de clore l'intérieur du clocher.  Malgré ce changement de configuration, le couple de Faucon pèlerin produira 4 jeunes.
10 janvier 2015 : Changement du nichoir. Une version mieux adaptée à la configuration du site est installée sous la forme d'une plateforme basse dans toute la largeur du passage au clocher.
2015 : Echec, mais il est imputtable à l'appariton d'un second couple sur l'agglomération ainsi qu'à la forte présomption d'un changement dans la composition même du couple.

Il est à noter que sur 12 saisons de reproduction, un total de 5 changements de configuration du nichoir n'ont aucunement perturbé(s) le(s) couple(s).

St-Nicolas-de-Port :
Cela fait depuis au moins l'hiver 2003/2004 qu'un ou plusieurs individus y sont hivernants. Le site attire l'espèce mais jusque là ce n’est, de mon point de vu, pas une raison suffisante pour y placer un nichoir. Ceux-ci sont absents durant la saison de reproduction. Quelques signes de pariades ou offrande de proie, à l'occasion de la présence d'un couple ne suffit pas à le caractériser comme  nicheur.
2009, un couple tente une reproduction spontanée sur la cheminée Novacarb distante de 2,8 km mais échoue. Son installation sur ce type de structure, déjà utilisé par le couple de ND de Lourdes en 2005, a surement été motivée parce qu'une hivernante était déjà bien cantonnée sur la basilique toute proche. Encore un exemple de compétition intraspécifique. En fin d'été il se rapatrie sur la basilique St Nicolas qu'il ne quittera plus, la place ayant été délaissée par l'hivernante, disparue vers des contrées plus nordiques. Cette fois-ci, nous sommes en présence d’un véritable couple cantonné. Comme déjà cité précédemment, en janvier 2010, un nichoir est installé sur la cheminée Novacarb, mais ne sera jamais occupé autrement que par du crécerelle. L'objet n'est pas de faire augmenter la population de faucon crécerelle...
En 2010, une femelle immature évince la femelle adulte. Des accouplements tardifs dans la saison sont observés avec fréquentation d'une aire potentielle sur l'édifice mais aucune reproduction ne sera constatée.
2011 et 2012, la femelle devenue adulte tente une reproduction mais échoue à chaque fois. L'aire probable est localisée mais ne peut être confirmée, faute de ne pouvoir accéder au site. Cette fois, un nichoir, ou plutôt une aire aménagée peut se justifier. Il sera installé en concertation avec tous les partenaires, notamment l'association "Atelier Vert" et la ville de St Nicolas avec signature d'une convention. L'emplacement localisé et la raison des échecs précédents identifiée, le nichoir, ou plutôt la plateforme de reproduction, permet l'envol immédiat lors de la saison 2013 de 4 juvéniles.
Lors de cette étude de cas, il a été constatée que les pèlerins pouvaient pondre sur un sol dur, ici,  une surface en zinc, malheureusement légèrement pentue et provoquant par là même la chute des œufs, roulant ainsi dans le vide.

Pont-à Mousson :
Depuis l'hiver 2001/2002 jusqu'à l'hiver 2010/2011, nombre d'individus séjournent plus ou moins régulièrement  sur l'Abbaye des Prémontrés. Mais ils délaissent le site à partir de la dernière quinzaine d'Avril.
2011 : Des observations régulières durant l'année, confirme qu'une femelle y séjourne à l'année.
2012 : Cette fois c'est un couple suivis régulièrement qui passe l'année sur site.
2013 : 1 couple avec accouplements, 1 première ponte avec incubation sur une corniche, là encore à même la pierre ce qui provoque la chute de ou des œufs dans le vide. Des débris de coquilles sont récoltés au pied de l'édifice. Une ponte de remplacement est faite, mais dans un endroit exposé aux vents. L'échec est constaté peu de temps après.
2014 : Le même couple tente de nouveau une reproduction. Après avoir brièvement fréquenté les cheminées de la centrale thermique EDF de Blénod-les-Pont-à Mousson, il revient pondre ... dans une gouttière, assez bas sur l'édifice : Echec.
2015 : Le mâle adulte est remplacé par un mâle immature durant l'incubation. Echec parceque l'immature ne prend pas les relais d'incubation.

Deux options  s'offrent pour ce cas de figure :
1-On fait simple en donnant "un coup de pouce" à ce couple. A l'heure actuelle (printemps 2015), un projet de nichoir (ou plateforme) est à monter à destination de la présidence de l'Abbaye.
2-Cette situation d'échecs répétés pourrait faire l'objet d'un cas d'étude : Sans nichoir, quelle sera la réaction du couple ? Finira-t-il malgré tout par trouver une aire convenable? Sommes nous certains de savoir ce que veut l'oiseau en terme de site locale ou de substrat ? Se maintiendra-t-il malgré tout sur ce site ? Dans le cas contraire, une modification dans la composition de ce couple  se fera-t-elle ? Ou pas ? On ne fait rien et on observe ... De larges concessions ont été faites sur les autres secteurs de plaine lorraine par l'implantation de nichoir. Un secteur non équipé comme celui de Pont-à-Mousson permet de comparer. Je défendrai cette option.

2016 : Encore une tentative de repro mais avortée, toujours sur la même aire.
2017 : Enfin, 3 juvéniles s'envolent du site, sur la même aire. Patience et longueur de temps...etc..



Toul :
Depuis l'hiver 2006, 2 à 3 visites hivernales  sur la Cathédrale St Etienne ne permettent pas de détecter la présence de Faucon pèlerin.
Janvier 2011 : Une femelle adulte est brièvement présente en fin de mois.
Hiver 2011/2012 : Un couple est présent.
Hiver 2012/2013 : Des indices de présence sont constatés .
Hiver 2013/2014 :  Un couple dont la composition est différente de l'hiver précédent est présent mais les individus ne se tolèrent que très difficilement. Un projet d'installation de nichoir LPO54/LOANA est insistant et se réalise en décembre 2013 malgré ma proposition d'attendre une réelle installation.  Après visite du site, une plateforme est installée dans la tour Nord. Durant la saison qui s'écoule un nouveau changement dans la composition du couple se produit mais l'appariement des 2 indvidus restera stable depuis.
2015 :  Le couple tente enfin de se reproduire et dépose d'une ponte, dans une gouttière du plateau sommitale de la tour Sud (!), ignorant totalement la plateforme mise à son intention..
2016 :  Nouvelle tentative mais encore un échec. Un piège photographique confirmera la présence d'une fouine sur site, dans l'environnement immédiat de la plateforme.
2017 : Abandon du site. La plateforme de nidif n'a été d'aucune utilité...

Lunéville :
De 2005 à 2017, l'église St Jacques est le site athropique lorrain le plus régulier et le plus productif ...sans nichoir !
2018 : Des travaux de netoyage et de clôture des accès aux clochers ont été entrepris durant l'hiver 2017/2018. Un arrangement a été convenu pour installer une plateforme de nidif en lieu et place des nidifs précédentes ainsi qu'un accès. Contrainte technique donc...Aucune convention n'a été engagée .



Des nichoirs controversés

Robert Anderson est directeur du Raptor Ressource Project, situé dans le Midwest (E-U). Dans le milieu des années 2000, il faisait le constat, dans ce papier, que de trop favoriser le pèlerin dans les sites anthropiques n'avait pas favorisé sa réimplantation dans les milieux rupestres voisins. Il questionne sa communauté sur la nécessité de péreniser ces actions en milieu anthropique et tente d'orienter les initiatives vers les sites rupestres.

A Hambourg (D) : Gerhard Brodowski, photographe et naturaliste à Hambourg, exprime, sur son site, des réserves quant à l'implantation systématique de nichoirs à Faucon pèlerin. Il constate qu'une densité trop importante de nichoirs dans l'aglomération provoque de nombreuses situations conflictuelles abaissant de fait la productivité des couples de FP.

A Bruxelles (B) : Didier Vangeluwe exprime les mêmes réserves dans son article page 185 dans les actes du colloque à Albi en 2010.

A Rennes (35), l'utilité, la nécessité et les buts de l'installation d'un nichoir à FP sur la cathédrale a fait l'objet d'un débat sur une liste de discussion de naturalistes bretons. Echange d'opinion, ici. Par respect envers les différents intervenants et par confidentialité, leur nom est abrégé. Avant d'aborder les réflexions sur le nichoir, ces derniers ont digressé sur le conflit pèlerin/sterne de Dougall. Affaire sensible dans cette région. Il a été choisi de ne pas en faire abstraction

Plus largement, sur une autre liste de discussion bretonne. Autre échange d'opinion ici.

Plus généralement, les protecteurs des pigeons surveillent la progression des implantations de nichoirs.

http://jne-asso.org/blogjne/2015/08/08/les-zootels-a-insectes/ : Une réflexion plus généraliste, partant des "hotels à insectes" dans un article ecrit par Jean-Claude Génot.

Certains en profitent pour mercantiliser ces actions. C'était le cas dans la ville d'Albert (80), en 2013, qui envisageait l'introduction volontaire de l'espèce dans sa basilique à des fins de lutte directe contre la prolifération des pigeons. Projet stoppé, mais une vigilance devrait être de mise. Le dossier du projet. La position de Picardie Nature. Malgré ma demande, la Mission Rapace de la LPO ne s'est jamais positionnée officiellement sur ce cas de figure.
Hélas, ce projet s'est réalisét en 2014, à l'encontre de l'avis des naturalistes. Un reportage de France 3 où même le Chouca des tours est considéré comme un nuisible. Le coût de l'opération : 9000 euros.


Discussion

Des aspects positifs, en apparence.
- Une dimension "communication" auprès d’un grand public plus accessible. Les FP sont plus facilement approchés et visibles, aussi bien par le public que par l'ornithologue riverain, pleinement disponible pour aller les observer à toute heure du jour et de la nuit, sans faire des kilomètres en automobile. A pied, en vélo, en tram,… étudier, le fond est là.
- La problématique "pigeon" où le Faucon pèlerin serait un facteur de limitation et reçoit une large approbation auprès de tous les riverains ainsi que des élus locaux qui y voient une solution à peu de frais en satisfaisant leur concitoyens. Mais qu'en est-il exactement ? Des mesures de l'impact sur les pigeons ont-elles été effectuées ? Un état des lieux précis de la population de pigeons avant l'installation naturelle de faucons pèlerins n'est jamais établi. Prochainement sur ce site Internet, une page y sera consacrée car il y a beaucoup à dire.
- Un accès facile au nichoir pour les entretiens, contrôles, voir possibilité de baguage, le tout, à moindre coût.
Le Faucon pèlerin a-t-il encore besoin d'être sauvé par l'implantation massive de nichoirs ? A ce jour, 128 sites minimum sont équipés en France (2016). Que sa population soit surveillée est un fait, comme toute espèce par ailleurs, mais les actions de protection devraient être orientées vers d'autres espèces actuellement bien plus en difficulté comme le Milan royal, le Busard cendrés, etc.... Evitons de nous disperser et n'oublions pas que la l'action la plus efficace en amont est la protection des milieux.

L'implantation de nichoirs sur certaines structures type cheminées d'usines (Novacarb Nancy, St Chamond, Vivry sur Seine...), silos (Héming, Altkirch,...), tour de télécommunication (Romainville),... ne prend pas en compte l'avenir ou le taux de survis à l'envol des juvéniles. Elle ne donne pas la priorité à d'autres structures mieux adaptées et plus proches à l'échelle d'un pèlerin. C'était clairement le cas de la cheminée de l'usine Novacarb, près de Saint-Nicolas-de-Port. Les acteurs locaux s'emballent en ne se focalisant que sur la hauteur et non pas sur la forme même de l'édifice. J'entend par forme, la multitude de perchoirs susceptibles de récupérer un juvénile lors de ses premiers vols. Le cas de Vénissieux sur un immeuble, à façade lisse est édifiant : 6 fois, l'un ou l'autre juvénile a été récupéré au sol puis replacé au sommet en 2013 (Notes du pèlerin. Bilan national.Rhônes. page 16). Ce n'est pas une méthode exemplaire où l'espèce devient entièrement dépendante de la surveillance de l'homme.

Le bilan des nichoirs en plaine lorraine indique 18 nichoirs à destination du faucon pèlerin et ont été recensés de 1994 à 2014. En 2014, seulement 3 nichoirs ont accueilli une nichée. Ces 3 nichoirs ont été occupés par des couples antérieurement nicheurs spontanés et n'ont donc pas "attiré" les faucons pèlerins. Ce n'est pas un nichoir qui attire un couple de faucon pèlerin. C'est le site en lui même. C'était les cas des "Grands Moulins Vilgrains" et de l'église St Epvre à Nancy, de la cheminée de l'usine Novacarb à Laneuveville-devant-Nancy, de la cimenterie à Thionville, La tour de télécommunication à Romainville... où les pèlerins ont ignoré les nichoirs, s'en servant tout au plus à des caches de nourriture. A l'inverse et suite aux nidifications réussies en nichoir et sans fréquentation préalable, dire qu'un nichoir a attiré l'espèce démontre plutôt qu'il a été installé opportunément ; c'est un pari gagnant, mais cela reste un jeu de hasard. Un couple de Faucon pèlerin sur un site sans nichoir où l'échec est avéré, n'impacte en rien l'avenir de l'espèce en général. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, celle-ci trouve toujours à s'installer et s'y reproduire (cf les nidifications spontanées de Nancy, Lunéville, Arras, Lille, Ivry,...). C'est une question de temps, d'expérience ou de maturité du couple et de patience des observateurs. Observateurs qui, au final, n'ont pas cette patience et se rassurent en plaçant des nichoirs. Ainsi, il est plus aisé de se faire plaisir à l'observation d'une nidification sur un site contrôlé par un nichoir que de se déplacer à pister le couple dans l'agglomération.. Quid alors de la réelle dynamique "naturelle" en milieu "artificielle" si l'Homme intervient systématiquement ? Il est en conséquence bien difficile de trouver ce terrain d'observation. L'Homme, encore une fois, agit avant de cerner et comprendre ce phénomène nouveau. A moins qu'une instance a décidé à la lumière d'éléments concrets qu'il était opportun d'engager une dynamique d'installation de ces nichoirs ? Des éléments de réponses apparaissent :

Origine du programme d'installation de nichoirs à Faucon pèlerin en France. Un document apparait en 2004 : "Faucon pèlerin. Cahier Technique. Aménagement pour la nidification". Dés l'introduction une information pose question.
"Si le faucon pèlerin semble s’adapter au milieu urbain, c’est qu’il y trouve des sources de nourriture et de tranquillité. En effet, les façades des grands bâtiments lui rappellent ses sites de prédilection que sont les falaises. Pour autant, sa nidification en ville reste un événement exceptionnel, faute de possibilités de nidification satisfaisantes. En effet, beaucoup de bâtiments ne possèdent aucune plate-forme favorable susceptible d’accueillir la progéniture d’un tel rapace. Ainsi, la pose d’un nichoir permet au faucon de nicher et lui apporte tout le confort nécessaire à la réussite d’une reproduction."
Dans ce paragraphe, l'origine des oiseaux n'est pas développée. Ces considérations se rattachent aux rares connaissances de l'espèce en ville mais surtout à ses connaissances en milieu rupestre et les "possibilités de nidification satisfaisantes" n'ont pas été évaluées puisque ne reposant que sur "un événement exceptionnel" de la nidification en ville. L'affirmation que "beaucoup de bâtiments ne possèdent aucune plate-forme favorable" ne correspond pas (ou plus ?) aux constatations faites. L'espèce trouve toujours à s'installer surtout dans les secteurs industriels frappés par les crises économiques qui libèrent de toute fréquentation humaine les bâtiments désaffectés.
La suite : "La problématique protectionniste consiste donc à tenter d’établir un « pont » entre la population « orientale » de l’espèce et son embryon « occidental ». Pour cela, il est envisagé la construction de nichoirs - « d’aires artificielles » - sur l’axe Bourgogne/Vallée-de-Seine, notamment dans les agglomérations".
Cet '"embryon occidental" est sous évalué car les échanges et le rattachement avec la population anglaise sont ignorés. En 2004, Paris n'était pas encore fréquenté (4) et seule la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine pouvait contribuer à ce rapprochement avec une femelle, baguée dans une falaise … belge. "La population de la vallée de la Seine a fait en 2003 l'objet d'un projet s'attachant à renforcer l'attractivité de ce corridor écologique afin de permettre le rapprochement des populations normande et bourguignonne" (LPO Mission Rapace 2006). Mais pourquoi donc vouloir rattacher ces 2 populations qui indubitablement sont déjà continues plus au Nord, par la Hollande et la Belgique ? Aucune explication.

En se replaçant dans le contexte de l'époque (2004), pas si lointain au demeurant, cette idée était louable mais a considérablement évoluée depuis. Une mise à jour se justifierait en regard de l'évolution de la population de milieu anthropique qui progresse par le Nord-Est et plus récemment par le Nord de la France. On sait aussi depuis 2015 que la population de l'Ouest progresse vers l'Est, par saut de puce, profitant des carrières, même en exploitation et sans nichoir (Cozic 2015. à venir) . Par ailleurs il serait intéressant de ne pas engager d'installation de nichoir dans l'Ouest, ce qui laisserait un terrain d'observation que l'on pourrait comparer avec les régions équipées de nichoir.
Il n'existe pas, en conclusion, de programme officiel d'installation de nichoirs à Faucon pèlerin en France. Ces opérations ne sont l'oeuvre que de volontés isolés, soutenu par la LPO, mais motivés par le simple fait du copier/coller. En d'autres termes : "on installe un nichoir parce que d'autre l'ont fait et que s'il l'ont fait c'est qu'il y a de bonnes raisons".

Le coût. Dans un contexte de crise budgétaire, le coût est un élément non négligeable à prendre en compte. Une opération à un prix élevé se doit d'être mesurée en regard du résultat attendu. L'installation du 11 octobre 2006 sur les deux chateaux d'eau, Grandes-Terres à Feyzin et quartier des Minguettes à Vénissieux (L’Effraie n°20. CORA-Rhône), qui ont communiqué sur un prix de 5000 euros, n'a toujours pas apporté le résultat espéré. Idem pour la plateforme du Puy-en-Velay du 16 décembre 2011 qui a affiché un montant de 2700 euros (Les notes du pèlerin. n° 19, 20 et 21- février 2012). Cela devrait inciter à plus de modération dans l'action. Les financeurs seraient plus enclin vers des projets sans risque d'échec comme dans le cas d'une installation sur un site ayant fait preuve d'au moins une première tentative de reproduction. Comment cela s'est-il passé chez nos voisins européens ? Sont-ils tout aussi sensibles à cette forme de gabegie financière ? On pourrait orienter ces dépenses vers la récolte et le traitement d'information. Un service civique perçoit par l'organisme d'accueil une indemnité mensuelle de 106,31 euros. Un Master 2 doit recevoir une gratification de 554 euros/mois. Ces dépenses sont plus pertinentes. Un nichoir ne doit rien coûter. La communication abondante sur ces installations de nichoir à pèlerin incite d'autres acteurs de terrain à procéder dans le mauvais sens. Agir en faveur de la biodiversité ou lutter contre la prolifération des pigeons sont deux choses bien différentes
.

A l’heure actuelle, installer un nichoir à FP relève plus de l’autosatisfaction, d'une envie de se faire plaisir et ne sert à rien quand cette action est sans suivis ultérieur et pire, quand il est oublié. Combien de nichoir installés alors qu’aucun signe clairement distinctif d’une reproduction ne s’est manifesté ? Ce sont des coups d’épée dans l’eau. Il est préférable de cibler intelligemment un site que d'essaimer des nichoirs un peu partout sur des structures qui si elles satisfont ponctuellement une ou des personnes, sont, avec le temps, laissés à l'abandon en ne remplissant pas l'objectif de ce pourquoi ils ont été installés : sauver et/ou augmenter les effectifs. Sur la cheminée à Shiltigheim, un nichoir installé de 2007 à 2012 n'a jamais rien donné malgré la présence tardive d'un couple. Dégradé par les intempéries puis remplacé il a tout de suite permis au couple d'être producteur. Mais ne serions nous pas ou n'avons nous pas déjà artificialisé une sous population de faucon pèlerin ?

Philosophiquement, qu'est-ce qui conduit à l'implantation des nichoirs ? On le voit, dès le départ, l'apparition du Faucon pèlerin en milieu urbain surprend les initiés. Mais très rapidement "on" considère qu'il est en difficulté et s'y reproduit mal. Mais au nom de quoi le juger ainsi, alors qu'il s'y développe, lentement, à son rythme et sans aide? Par leur engouement aveugle, certains acteurs s'autoproclamant "spécialistes" profitent de cette opportunité pour, enfin, exister.

Ces "mesures de conservation" de l'espèce deviennent obsolètes mais perdurent alors que ses effectifs sont revenus à son niveau d’avant déclin et on estime même qu'il l'a dépassé. Nous ne sommes plus dans l’urgence d’un seuil de disparition ou dans une période de rétablissement de l'espèce. Celle-ci est en constante progression en plaine. Concentrons nous sur l’amélioration des connaissances biologiques et la dynamique de l’espèce évoluant dans ce nouvel environnement de plaine, encore anecdotique il y a 40 à 50 ans. Ce qui pose questions… Essayons de comprendre pourquoi l’espèce s’est rapprochée de l’homme. S'est-elle rapprochée ou est-elle déjà imprégnée par l'Homme ? L’hypothèse, discutable, de la saturation des sites rupestres est constamment avancée mais jamais démontrée. C’est l’exemple même d’une supposition qui, à l'origine puis se répétant à l'envie, se transforme progressivement, de citations en citations, en certitude. Néanmoins, cette hypothèse doit être prise en compte et ne peut être écartée. Une autre hypothèse, celle des relâchés massifs en milieu urbain et leur descendance imprégnée se propageant dans ce même type de milieu n’est jamais évoquée ; la source, provenant de nos voisins européens. Qui plus est, avec des individus issus d'élevage et dont l'origine génétique n'est pas connue. C’est ce point qui m’intéresse. Quelles sont les échanges d’individus entre les deux types de milieux, rupestre/anthropique ? Imaginaire ou réel ? les deux, mais dans quelles proportions ? Laissons faire la nature. Les meilleurs s’en sortiront en s’adaptant. N'est-ce pas là l'expression de la naturalité même de l'espèce ? Restons à notre place d’observateur. Regardons les nouveaux équilibres s’organiser. Ne les perturbons pas en intervenant, même de bonne foi et en toute sincérité. Nous n’avons pas à manipuler l’avenir de cette espèce. Comment s’est-elle rapprochée de nous ? Voilà un vaste champ de recherche.

Soyons spectateur :
  • Observons.
  • Notons objectivement.
  • Mettons en commun nos données.
  • Traitons ces données.
  • Discutons-en.
  • Et communiquons nos résultats.

Ce sont pourtant des actes élémentaires d'ordre scientifique à effectuer avant toutes initiatives, mais qui semblent avoir été oubliés.

CECI ETANT DIT

L'acte de protection étant un élément médiatiquement visible, des associations ou de simple personne s'engagent malgré tout dans un projet d'implantation de nichoir. Ou la simple "volonté" de faire ainsi (Sic!). En connaissance de cause ? Pas si sûr ...

Dans ces conditions, un projet "nichoir" est une concession à ces pressions.

La démarche conduisant à l'installation d'un nichoir en milieu anthropique devrait répondre à des critères, exprimés dans cet organigramme :



Quelques explications sur les indices de reproduction :
Pourquoi, seul l'accouplement permet de certifier une véritable reproduction ? Suite à l'expérience des observateurs, entre autres nantais, ces derniers ont pu remarquer que les hivernants ont des comportements de couple appariés (pariades et offrandes). Il en va de même pour le grattage d'aire. Bien qu'il soit plus difficile à observer d'autant qu'il faut déjà savoir différencier un grattage d'un simple repas ou dépose de proie, ce comportement ne suffit pas à valider une véritable reproduction. Un témoignage qui confirme un comportement de grattage d'individus hivernants en  2009 puis en 2010 .

Quelques recommandations concernant l’installation d’un nichoir ou d’une aire aménagée en sites anthropiques.

"S'il y a des faucons pèlerins dans la région, laissez-les vous montrer où ils veulent faire leur nid. Observez-les avant d'installer un nichoir. Les faucons peuvent être très exigeants sur leur aire. Si le nichoir est construit de manière incorrecte ou installé dans une mauvaise position, il sera beaucoup moins susceptible d'attirer les faucons."
Robert Anderson (The Raptor Resource Project)


Introduction :

Avant toute chose, Une relation de confiance doit s'instaurer avec les propriétaires ou les organismes responsables du site de nidification. Il s'agit de s'assurer un accès au nichoir par un spécialiste qui seul pourra identifier précisément ce qu'il convient de faire dans le cadre d'un contrôle.
Même une convention signée en bonne et dû forme n'assure pas la  tranquillité absolue d'un couple nicheur. Elle est vite oubliée quand il s'agit d'effectuer des travaux. La dénonciation de cette convention entrainera l'abandon des prérogatives (périodes de non accès absolues,...) de la structure naturaliste sur le bâtiment et toute chance de renouer un climat de discussion serein entre les parties. Il est impératif d'installer de très bonnes relations dès le départ.
Quelques soient les éléments qui ont motivé l'installation d'un nichoir à Faucon pèlerin, qu'ils soient discutables ou indiscutables, car les avis dans le milieu des pèlerinophiles sont partagés. Les éléments suivants devraient respecter certaines règles qui assureront la réussite du projet.


Le substrat :

Observons ce qu’il se passe dans la nature et rapprochons nous au plus près des exigences du faucon pèlerin.
Ce matériau doit offrir un microenvironnement thermique et physique adéquate pour l'incubation des œufs et leur développement embryonnaire.
·        Un gravier rond de 0.5 cm de diamètre est préconisé par l’équipe Cade et Enderson du Peregrine Fund (Cade, T.J., J.H. Enderson, and J. Linthicum. 1996). Pour notre part un gravier rond et beaucoup plus fin à été installé sur Nancy. Dans les 2 cas, le substrat est drainant, les graviers plutôt arrondis, évitant des aspérités pouvant provoquer un dommage à l’œuf.

Modèle nichoir ND de Lourdes 2015



Extrait du guide de Cade et Enderson
Traduction
·         Tout autre matériau meuble peut aussi faire l'affaire.
·        On peut aussi envisager de reconstituer un nid de corvidé tel qu’on en trouve sur les pylônes électrique qui attirent aussi les pèlerins. Inconvénient : Sous les intempéries, ce matériau se dégrade, d'autant qu'à la suite d'une saison de nidification, l'accumulation des fientes de la progéniture accélère le processus de dégradation.
·         Le fond du nichoir doit être perméable, pour faciliter le drainage. L’imagination des concepteurs sera de mise pour développer toute technique d’évacuation de l’eau sans risque de colmatage. Tester l'option choisie au final.
Exemple d'une structure adéquate

Fond du nichoir 2ème version de ND de Lourdes à Nancy (54)

Acceptabilité des salissures, fientes et carcasses :

On parle ici des salissures extérieures qui ne manqueront pas de se révéler lors de la période de présence des juvéniles. Ne pas cacher ces inconvénients instaure une relation de confiance entre pèlerinophiles et propriétaires du site afin de pérenniser le plus longtemps possible ce partenariat. Si le site est bien aéré et exposé à la pluie, le nettoyage se fait naturellement en faisant disparaitre les traces extérieures durant l’automne. Certain responsables ou gestionnaires d'édifices ne verront pas d'un bon œil cet inconvénient qui nuirait gravement à l'esthétisme du bâtiment (édifices religieux, immeubles d'habitations ou d'activités commerciales,…). L'emplacement du nichoir sur l'édifice est donc important. Paradoxalement, l'exposition à la pluie n'est pas un bon critère de choix car il augmente les risques d'échecs de reproduction. Concernant les carcasses, on ne peut omettre qu'elles sont aussi un facteur important d'obstruction d'évacuation des eaux pluviales ...  tout comme les fientes de pigeons.
 

   

Notez les fientes éjectées par les juvéniles sur les parois et sur le sol.

Chute de matériaux :
 
Des matériaux peuvent être éjectés hors du nichoir par les juvéniles. Ils peuvent causer des dommages matériels mais aussi physiques sur les personnes. Prévoir un rebord suffisamment haut pour éviter cet inconvénient avec une zone de récupération si, malgré tout, des matériaux venaient à sortir du nichoir. De plus, cet inconvénient, en cas de non surveillance les années suivantes, vide le nichoir de tout substrat et rend donc son utilisation inadéquate pour les saisons de reproduction ultérieures.
La présence même d'un couple entraine des chutes de débris et carcasses qui finissent par obstruer les éléments d'évacuation des eaux pluviale. Les édifice religieux sont particulièrement concernés.


Nichoir version 1 de ND de Lourdes à Nancy (54) : Octobre 2007. Rebord insuffisamment haut.
Une partie du gravier s’est déversée au sol, obstruant l’orifice d’évacuation des eaux de pluies de la basilique.

 
Accessibilité :

 
L’accès au nichoir doit être facile pour d’éventuelles opérations de baguages, mais aussi d’entretiens, réalisables par des bénévoles, non sujet au vertige et équipés des éléments de sécurités obligatoires, sans faire appel à des sociétés professionnelles coûteuses qui, bien qu’enjouées dans un premier temps, pourraient faire défaut sur la durée (plusieurs années)…


Entretien :
 
·         1 fois par an, fin juin, début juillet.
·         Surveiller l’état d’usure des matériaux.
·         La surface du substrat forme une croute solide qu'il convient de casser puis de mélanger pour l'ameublir.
·        Récupérer, les pelotes de réjection, les plumées pour détermination des espèces proies, les bagues de pigeon voyageur le cas échéant et autres indices de présence (œuf non éclos, cadavre de juvénile, plumées de pèlerins…pour analyses éventuelles). Chaque type d'élément sera conditionné dans un contenant où apparaîtront la date et l'identification du site de récolte.
·         Changement possible du substrat.


Matériaux de construction :
 
·         De récupération pour l’éthique. ND de Lourdes : à base de cornière métalliques et bois encastrés puis vissé afin d’être démontable. Ce n’est qu’un exemple. Laisser libre court à l’inventivité des concepteurs. Sa construction ne doit pas être un coût.
·         Eviter les contreplaqués ou panneau agglomérés qui ne résistent pas aux intempéries.
·         Privilégier des bois bruts de forte épaisseur ou autres matériaux.
·         Les passages sur les édifices peuvent être étroits pour accéder au lieu de pose. Le nichoir ou l’aire arrive en pièce détachée puis est monté sur place.


Adaptabilité et fixation :
 
·     Il devrait s’intégrer visuellement à l’édifice afin de respecter les codes d’urbanisme. Discret mais détectable pour les observateurs, il ne doit pas apparaitre comme une verrue. Si les éléments s'y prêtes, l'anticipation d'un poste d'observation discret par rapport à l'emplacement du nichoir est à rechercher.
·     Profiter des éléments de la structure du lieu de pose. Eviter, dans la mesure du possible, toute dégradation du support (pierre, béton, corniche en zinc, poutrelle métallique…).
·     Parer à l’éventualité de vents forts pouvant désolidariser le nichoir de l’édifice. Envisager pour cela une corde ou une chaine de rappel.


Espace :
 
·                     La surface des plateformes de la basilique St-Nicolas-de-Port ainsi que l’intérieur du clocher de ND de Lourdes à Nancy est suffisamment grande pour placer un nichoir ou une aire aménagée dans un coin abrité des vents et des pluies. Hors nichoir, un espace suffisamment grand de quelques mètres carrés est le bienvenu pour laisser aux juvéniles une zone où ils pourront faire leurs exercices de musculation par battements des ailes.
·                     Les courants d’air permettent aux juvéniles de mieux appréhender la portance pour l’envol.
·                     Les bousculades et donc les risques de chutes sont fréquents. Si la surface est lisse devant l'entrée, on peut imaginer des structures ou perchoir afin que les juvéniles s’y cramponnent pour ne pas glisser et faire le grand saut prématurément; ce qui leur serai fatale. Un large espace minimise ce risque (voir précédemment le premier point)
·                     La configuration même de l'édifice a son importance au moment de l'envol des jeunes. Les façades lisses ne sont pas conseillées :
A Londre
, voici ce que l'on peut lire sur le site du London peregrine partnership. : Dans le chapitre "Dangers faced by newly fledged urban Peregrines" (Dangers auxquels sont confrontés les juvéniles en milieu urbain). Traduction : "Quand le jeune Faucon pèlerin prend son premier envol dans un environnement urbain les 2, 3 premiers jours sont les plus dangereux. Ceci parce que les immeubles où ils nichent ont des parois verticales lisses, qui n'ont pas de perchoirs intermédiaires comme des balcons ou de large rebord de fenêtre. Quand il décolle de son point de départ, jusqu'à ce qu'il soit à environ 70 mètres il se retourne pour revenir au nid. Mais parce qu'il a perdu en hauteur, il vole à la place dans les parois verticales ou les fenêtres de l'immeuble. A ce moment-là il n'arrive pas à atterrir, glisse le long du bâtiment et finit par se retrouver au sol. Il peut dès lors avoir potentiellement de graves problèmes. Les plus communs sont la circulation automobile ou les prédateurs terrestres. Dans leur environnement plus naturel (falaises maritime ou de montagne) les jeunes peuvent se poser plus bas et remonter tant bien que mal en se saisissant de la végétation et/ou en sautant d'aspérité rocheuse en aspérité rocheuse. Si les sites urbains sont bien surveillés aux alentours de la période des envols ce problème peut être minimisé en récupérant les jeunes au sol puis en les replaçant à l'aire. Une autre solution alternative, si le site est plus difficilement accessible, étant de les replacer sur un autre immeuble proche de l'aire. Cette action de secours doit être faite par une personne habilitée." David Johnson et Tony Duckett. Un autre document que j'avais déjà mis en ligne il y a 2 ou 3 ans : Peregrine falcons : provision of artificial nest sites on built structures. (traduction) : Nick Dixon et Colin Shawyer vont dans le même sens. On y trouve au chapitre 4 de la page 8, cette remarque : "Il est déconseillé d'installer des nids artificiels sur les bâtiments à façades lisses, verticales sans rebord ou autre escarpement que les jeunes oiseaux ne pourraient atteindre s'ils ne parviennent pas à revenir au nichoir."

Non conseillé

Lyon - La Part-Dieu (69). 2015

St-Chamond (42). 2007

Puteaux- La Défense (92). 2009
Acceptable

KeybridgeHouse (London Vauxhall - GB)


Un toit, ou pas ? Ouvert ou "fermé" ?

 
A la question : les nichoirs avec un toit semblent être souvent préconisés... comme on est sur l'extérieur, est-ce nécessaire, pas obligatoire ou inutile ?
 
Ma réponse : Un toit permet de limiter l'exposition aux intempéries mais je ne suis pas sûr que ce qui est préconisé soit bien réfléchi à l'origine. Je pense surtout que c'est par habitude de construire des nichoirs presque fermés. J'opterai pour une structure la plus ouverte possible avec un toit. C'est ce qui se rapproche le mieux d'un site rupestre pour la réussite d'une nichée. Ce sont bien les pèlerins qui doivent nous montrer ce qu'il faut faire ... et non l'inverse
Un toit n'est pas obligatoire mais c'est un plus pour une réussite bien que les adultes sont habitués aux intempéries et savent protéger leurs œufs puis leurs poussins.
 
Le nichoir "fermé" du type de celui du cahier technique, édité par la mission rapace de la LPO. ( http://rapaces.lpo.fr/sites/default/files/mission-rapaces/37/CT_pelerin.pdf ) n'est pas un standard. Les nichoirs doivent avant tout s'adapter et s'intégrer au milieu ou au site sur lequel il sera installé.
 
L'ouverture face avant permet aux observateurs de mieux détecter les différentes étapes d'une reproduction. On verra de façon certaine, mâle ou femelle gratter le substrat par exemple. L'ouverture large est donc recommandées, voir obligatoire pour inciter à l'observation.


Nebraska state capitol - Lincoln NE (USA)

Kodak tower – Rochester NY (USA)

Tour de télécommunication – Sauerland (D)

Terminal tower – Cleveland OH (USA)
Le confinement de l'espace intérieur d'un nichoir "fermé" augmente l'insalubrité à long terme. La conséquence en est l'abandon par le couple si le nichoir n'est pas régulièrement vérifié, et donc atteignable


Quand l'installer :


Il convient naturellement que l'installation se fasse bien avant la dépose de la ponte. Mais où placer la dernière limite ?

On sait que la ponte, sur Nancy et Albi, est particulièrement précoce, dans la dernière semaine de février à la première semaine de mars. Voici une liste avec les dates des interventions faites avant ponte:
A Nancy :

19/12/2006 : Installation caméras; 20/12/2008 : Déplacement du nichoir; 07/01/2012 : Dernière visite du site.
A Strasbourg :

- Le nichoir de la tour de chimie a été installé le 20/01/2011, le couple ne fréquentait pas la tour et ne s'y est installé que plus tard (vers le 20/03). La mise en place du nichoir ne les a donc pas déranger.
- Celui de Schiltigheim a été remplacé le 13/01/2012, ils ont été absent une dizaine de jours puis ont repris leurs bonnes habitudes et adopté le nouveau nichoir. Les échecs étaient successifs les dernières années.
A chaque fois  ils voulaient que les nichoirs soient posés avant le mois de décembre mais c'est toujours plus compliqué que prévu et ils ont préféré les mettre quand même "dernière minute" plutôt que de reporter à l'année suivante.
Plus récemment, à Saint Nicolas de Port, l'installation a été réalisée autour du 10 février. Le 18 des accouplements sont observés sur la plateforme. Début mars, une zone de grattage y est observée lors d'une inspection par les services communaux. 4 jeunes s'envoleront vers la mi juin.

Environ 1 bon mois avant la ponte, à condition de connaitre localement la phénologie du couple concerné, serait un consensus acceptable. Il est à noter que ces projets de nichoir concernent des couples déjà cantonnés, qui  ont déjà tenté une reproduction et qui sont donc indéboulonnables de leur site. Attention cependant à leur tolérance qui  peut être très différente d'un individu à l'autre.


A quelle hauteur ? :
 
Dans le milieu naturel il est convenu que le pèlerin s'installe dans le tiers supérieur d'une falaise, quel que soit sa hauteur. Mais nous avons vu dans les chapitres précédents que de lui-même le faucon indiquera l'emplacement. N'ayons pas la prétention de le lui indiquer d'autant qu'il dédaigne aussi, en milieu naturel des nichoirs, à son intention. Même s'il l'occupe jusqu'à quelques années, des exemples ont montré qu'il pouvait tout aussi bien l'abandonner pour un site plus proche et plus "naturel". Pourquoi ne ferait-il pas de même en ville ? Il nous l'a déjà prouvé.

Les nichoirs en terrasses sommitales :
Ces sites relèvent d'un manque d'observation et d'un excès de précipitation. A-t-on déjà vu une nichée en bordure de falaise ? Non. En milieu urbain les cas sont rares et relèvent plutôt de l'anecdote. Ils ont été initiés à l'époque où les nord-américains tentaient de réimplanter l'espèce de manière artificielle. A l'origine en milieu naturel de plaine et situé sur des structures de type échafaudage de 10 à 15 m de haut. Avec de petites  réussites, ils ont ensuite  orienté ces implantations vers la ville de même sur les terrasses sommitales puis se sont finalement installé en façade (Sherrod, S.K., W.R. Heinrich, W.A. Burnham, J.H. Barclay, and T.J. Cade. 1987). Pourquoi donc, sur Paris notamment, jusqu'à 8 nichoirs ont-ils été installés au sommet d'immeuble ? Par simple copier/coller ?

En conclusion

Les nichoirs à destination d'un couple de Faucon pèlerin sont :

Un engagement :

C'est une responsabilité. Les initiateurs d'un projet s'engagent :
  • A ne pas l'abandonner ou au moins à transmettre sa surveillance à un autre observateur.
  • A contrôler sa fréquentation régulièrement afin de déterminer les dates ou au moins les périodes les plus proches possibles de ponte, d'éclosion, de sortie et d'envol des juvéniles.  
  • A transmettre les comptes-rendus d'observation le plus précisément possible. La rétention d'information étant un mal chronique qui ne fait pas avancer les connaissances sur cette espèce.
Une éthique :

  • Ce n'est pas un projet pour se faire plaisir. On ne joue pas avec cet animal. Ou alors il faut l'assumer et ne plus communiquer sur le fait de l'"aider" ou de favoriser son instalation, qui est un pari hasardeux.
  • Il ne vise qu'à conforter l'installation d'un couple déjà établi sur un site.
  • Sans nichoir, il n'y a pas de conséquence sur la dynamique globale de l'espèce si un couple échoue. Le nichoir permettra de palier aux facteurs qui ont conduit à cet échec à condition de les avoir correctement identifiés suite à des observations préalables et à un diagnostic du site réalisé par un vrai spécialiste (3).
Une réflexion en amont par des questions qui demandent des réponses :
 
  • Le Faucon pèlerin a-t-il encore besoin d'être aidé pour favoriser son développement dans un  milieu qui n'est à l'origine pas le sien ?
  • Le faucon pèlerin s'est-il naturellement installé en ville ?
  • D'où viennent-ils ? Quelle est leur origine ? Viennent-ils de sites naturels, d'autres sites anthropiques, des deux mais dans quelles proportions ?
  • Son installation en sites anthropiques est-il un artefact faisant suite aux efforts de réinjection artificielle d'individus dans ce type de milieu, plusieurs années auparavant et hors de nos frontières ?
  • Sa bonne santé en milieu naturel justifie-t-elle des efforts de maintien en milieu anthropique par l'implantation massive de nichoirs, qui sont cependant d'une piètre efficacité pour ceux installés en amont d'une réelle installation ?
  • A l'heure actuelle, le naturaliste pèlerinophile, voire pèlerinologue se doit-il de "produire" du Faucon pèlerin ?
  • Rappel sur le statut actuel du Faucon pèlerin :
- Au niveau mondial, le faucon pèlerin figure dans la catégorie « préoccupation mineure » (Least Concern) sur la liste rouge de l’UICN.
- A l'échelle européenne, le faucon pèlerin est classé en NON-SPEC (= espèce non concentrée en Europe au statut de conservation favorable)
- En France, l'espèce est inscrite sur la Liste rouge des espèces menacées dans la catégorie « préoccupation mineure (LC) » (liste rouge, 2008).

"Observer, comprendre et laisser vivre
, telle doit être votre éthique". (René-Jean Monneret)

"L’écologie contemporaine nous démontre que nous ne pouvons maîtriser des systèmes d’une complexité telle que le plus grand enseignement que nous en puissions tirer est celui de l’humilité et qu’il serait bien plus intelligent de s’ajuster à la nature que d’essayer de la dompter." (Virginie Maris)

Biblio

Anderson R., Midhun L.,Tran D., How does nest site imprintig affect the population of peregrine falcons in the Midwest ? Raptor ressource project. 2004, 3p.

Brauning D. W.  Barber, P. F. Arthur McMorris F. A. Management and biology of the peregrine falcon (Falco peregrinus) in Pennsylvania. Ten year plan (2013 - 2022), 2013, 45 p.

Cade, T.J., J.H. Enderson, and J. Linthicum. 1996. Guide to management of Peregrine Falcons at the eyrie. . The Peregrine Fund, Boise, Idaho, USA

David F., Maurel C. (2011). Premier colloque national Faucon pèlerin, 19 et 20 novembre 2010 Albi (Tarn). LPO Mission Rapaces – LPO Tarn 196 pages.

Drewitt E. J. A., and Dixon N. Peregrine falcons : provision of artificial nest sites on built structures.

Holroyd G. L., and Bird D. M. 2012. Lessons learned during the recovery of the peregrine falcon in Canada. Canadian Wildlife Biology &Management 1:3–20.

LPO Mission Rapace 2004. Faucon pèlerin Cahier Technique. Aménagement pour la nidification

LPO Mission Rapace 2006. Recolonisation de la vallée de la Seine par le Faucon pèlerin Falco peregrinus. Ornithos 13-2 : 138-140

Sherrod, S.K., W.R. Heinrich, W.A. Burnham, J.H. Barclay, and T.J. Cade. 1987. Hacking: a method for releasing Peregrine Falcons and other birds of prey. 3rd ed. The Peregrine Fund, Boise, Idaho, USA.

(1) : Ce terme relève d'un langage de spécialistes propre aux fauconniers (H. Beaufrère), comme on peut en trouver dans tout autre corporation. Pour le faucon pèlerin, le mouvement de protection ayant été majoritairement initié à l'echelle mondiale par des fauconniers, ce langage lexical s'est propagé parmi l'ensemble les défenseurs de l'espèce, y compris les naturalistes. Les termes de "forme", pour femelle adulte, "tiercelet" pour mâle adulte, "lier" pour capturer, "antannaire" pour un individu entre-mué, en sont des exemples. Libre est d'utiliser ou non ces termes. Pour ma part je privilégie plutôt des termes compris par  tous que ces termes qui se confinent à un cercle de personnes initiées. La compréhension de tous phénomènes se doit d'être accessible et ouverte au plus grand nombre.

(2) : L'article fait mention d'un ornithologue (ma pomme) " entré dans l'enceinte de l'usine sans autorisation (...) ayant installé sa longue vue au coeur de l'usine au nez et à la barbe du directeur ". Les faits réels : J'étais sur le parking visiteur et donc accessible à tous, à l'entrée de l'usine et face de la guérite du gardien. Pensiez vous vraiment qu'un type comme moi puisse entrer comme ça dans cette enceinte, qui plus est, classée SEVESO ?

(3) Qu'est-ce qu'un vrai spécialiste ? Une personne qui a suivi une saison de reproduction sur un unique site ? Une personne qui établit un bilan comptable sans faire de suivi ou une personne qui suit des couples sur plusieurs sites, sur au moins 10 années et établit un bilan comptable pouvant extraire des tendances  ?

(4) En 2008 c'est la première observation de faucon pèlerin stationné sur Paris et banlieue. 1 couple est présent dans le quartier de La Défenses sans preuve de nidification. En 2010, un second couple tente une nidification sur la cheminée d'Ivry-sur-Seine. En Ile-de-France, un couple niche sur la cheminée du Front-de-Seine, dans un nichoir retapé, à l'origine destiné à des faucons crécerelles et
malgré la présence d'au minimum 11 nichoirs à Faucon pèlerin.

Mai 2015
Dernière mise à jour janvier 2016
Retour accueil